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Bilan des interventions du HC3N » le bilan et leçons apprises de la mise en œuvre de l’i3N, la transformation du monde rural et la sécurité nutritionnelle au Niger

Monsieur le Haut Commissaire Bonjour, la mise en place du Haut Commissariat à l’Initiative 3N en septembre 2011, a suscité d’espoir quant à la capacité de votre institution à repenser les systèmes des productions ruraux afin de garantir une alimentation suffisante et adéquate aux nigériens. Alors, que peut-on, aujourd’hui, retenir de vos interventions?

Je vous remercie pour cette question pertinente. Permettez-moi un rappel. Il y a d’une part l’Initiative 3N, qui est une politique, notre stratégie de Sécurité Alimentaire et nutritionnelle et du Développement Agricole Durable (SANDAD),appelée communément les « Nigériens Nourrissent les Nigériens » et d’autre part le HC à l’Initiative 3N qui est, une administration de mission rattachée au Cabinet du Président de la République.

La mission du HC3N est d’impulser les reformes, d’animer et coordonner les interventions multisectorielles. Il veille à l’alignement aux orientations nationales que constitue l’Initiative 3N, de tous les acteurs nationaux, PTF, ONG, etc. intervenant dans la mise en œuvre des programmes de la stratégie.  Le HC3N veille aussi à la cohérence, à la pertinence et à l’harmonisation des interventions pour un plus grand impact. Il est un acteur important dans la mobilisation des ressources pour le financement de cette stratégie.La mise en œuvre des actions et programmes de la stratégie de l’Initiative 3N est assurée par les Ministères et administrations des secteurs et sous-secteurs dont la compétence est concernée par cette stratégie. Il ne faut donc pas confondre la structure de coordination et la Stratégie dont elle coordonne la mise en œuvre.

En 2011-2012, le HC3N a ainsi coordonnél’élaboration de la stratégie de l’Initiative 3N dont le cadre stratégique a été adopté par le Gouvernement en avril 2012. Il découle directement du Programme de la Renaissance I qui a eu l’ambition de restaurer la dignité des nigériens, mise à mal de manière quasi permanente en raison des épisodes de sécheresses récurrentes.

L’objectif global de l’Initiative 3N est de « mettre les populations nigériennes à l’abri de la famine et de leur garantir les conditions d’une pleine participation à la production nationale et à l’amélioration de leurs revenus», en renforçant les capacités nationales de production alimentaire, d’approvisionnement et de résilience face aux crises alimentaires et aux catastrophes naturelles.

Ce Cadre stratégique de l’Initiative 3N est bâti sur de 5 axes stratégiques: i) l’accroissement et la diversification des productions agro-sylvo-pastorales et halieutiques, ii) l’approvisionnement régulier des marchés ruraux et urbains en produits agro-sylvo-pastoraux et halieutiques; iii) l’amélioration de la résilience des groupes vulnérables face aux changements climatiques, crises alimentaires et catastrophes naturelles; iv) l’amélioration de l’état nutritionnel des nigériens et v) l’animation, la coordination, et le suivi et évaluation.

Les deux plans d’actions 2011-2015 et 2016-2020 ont été élaborés pour assurer que nos systèmes de productions agricoles, sylvicoles, pastoraux et halieutiques deviennent performants, que notre Agriculture et nos productions deviennent moins vulnérables au climat, et que, par nos actions dans ce domaine, aucune sécheresse ne devienne plus automatiquement synonyme de famine. Que nos productions soient valorisées et les revenus gagnés par acteurs ruraux de leurs activités agricoles et rurales s’accroissent.

Le premier plan d’action2011-2015, a été bâti à partir des cinq axes stratégiques, en onze programmes d’investissements prioritaires (PIP), dont la mise en œuvre a donné des résultats remarquables en particulier dans l’accroissement des productions agro-pastorales et halieutiques dès les premières années. L’objectif que la sécheresse ne se transforme pas en famine a été prouvé dès 2012. Les témoignages nigériens et extérieurs sont venus le confirmer, comme attesté par les médias nationaux et internationaux. Le Plan d’action d’environ 1100 milliards de FCFA avait été financé à plus de cent pour cent et les actions ont été exécutées à plus de 85%. Toutefois 3 programmes importants avaient été sous-financés.

Le deuxième Plan d’action 2016-2020 a été élaboré avec 12 programmes stratégiques et les actions sous -financés lors de la mise ne œuvre du premier plan d’action, sans être les seuls programmés, ont été jugés prioritaires, il s’agit de (i) la maîtrise de l’eau pour les productions agro sylvo pastorales et halieutiques ; ii) la maison du paysan ; iii) la protection de l’environnement et la récupération des terres dégradées. Le coût de ce plan d’action en cours de mise en œuvre est de 1546 Milliards, et il vise  à atteindre l’objectif faim ZERO en 2021.

Au Plan national, de point de vue stratégique, l’Initiative 3N est un cadre qui réunit tous les acteurs intervenant dans la sécurité Alimentaire et Nutritionnelle. Nous sommes arrivés au Niger, à planifier, programmer, mettre en œuvre et suivre la mise en œuvre de nos actions ensemble, de manière cohérente et consensuelle. Nous avons ainsi évalué également, ensemble, le plan d’action 2012-2015 dont les résultats de la mise en œuvre sont satisfaisants.

Pour ce qui est de l’aspect opérationnel, les Ministères maitres d’ouvrage et maitres d’œuvre des programmes stratégiques de l’initiative 3N et le HC3N rendent compte régulièrement à SEM le Président de la République à travers les réunions du Conseil Interministériel d’Orientation (CIO) tant pour ce qui est de l’aspect mobilisation des ressources, de l’impulsion des reformes que de l’avancement de mise en œuvre des programmes dans tous les secteurs concernés.

Après sept ans de mise en œuvre de l’initiative 3N, quels résultats probants et quelles leçons peut-on tirer ?

Le bilan de la mise en œuvre du premier plan d’investissement 2011-2015 de la stratégie de l’Initiative 3N a montré que le cadre stratégique est approprié et pertinent et les résultats obtenus ont été fortement appréciés par les nigériens et par nos partenaires. En effet, le  Niger a réussi à accélérer l’atteinte des Objectifs du millénaire, notamment les OMD 1 & 7, en particulier la réduction de 50% du nombre de nigériens souffrant de sous-alimentation. Ceci a valu au Niger, pour son Initiative 3N, les témoignages de la FAO, qui lui a décerné 2Attestations de réussite, Rome 2013 et 2015. Notre pays également a fait partie, grâce à l’Initiative 3N, des sept (7) pays distingués et lauréats de « Future Policy Award 2017« , 3e Prix BRONZE, décerné par le World Future Council(WFC) en collaboration avec le Secrétariat Exécutif de la Convention des nations unies pour la lutte contre la désertification (UNCCD)dans la catégorie « restauration des terres dégradées et lutte contre la pauvreté ».

Le Haut Commissariat à l’Initiative 3N a été maints fois été sollicité pour partager l’expérience de l’Initiative 3N par des Etats étrangers, ou au cours des grandes rencontres internationales, continentales et régionales, dont des COP désertification et Climat, des sessions du Réseau de Prévention des Crises alimentaires/Club du Sahel/OCDE/, du Comité de Haut Niveau sur la Sécurité Alimentaire et nutritionnelle de l’UEMOA – dont le leadership est confié pour saluer l’Initiative 3N au Président de la République du Niger-, des sessions organisées par de grands bailleurs internationaux, etc.

La mise en œuvre de l’Initiative 3N se fait aussi à travers des approches novatrices et des réformes majeures dont celles relatives à la création du « Fonds d’Investissement pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (FISAN) et le Système national du Conseil Agricole, pour le financement et l’accompagnement technico- économique des acteurs de l’Agriculture.

Le HC3N a favorisé la création du Fonds d’Investissement pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (FISAN), offrant trois (3) facilités ci-après :i) la Facilité 1 pour le Crédit agricole, ii) la Facilité 2 pour le Financement des investissements structurants agricoles, et iii) la Facilité3 pour le Financement du conseil agricole, la recherche, et le renforcement des compétences.

Il en est de même pour le Système National du Conseil Agricole (SNCA), qui implique, l’Etat, les Organisations professionnelles Agricoles, le secteur privé.

A travers, le FISAN, des financements importants ont déjà été accordés par les Banque et SFD aux producteurs depuis quelques années.

Je vous épargne des statistiques sur les réalisations physiques ou sur les productions agro-sylvo-pastorales et halieutiques issues de l’évaluation de la mise en œuvre de la première phase, pour réaffirmer que l’objectif de « sècheresse ne rime plus avec famine au Niger » est aujourd’hui une réalité.

Comme leçons tirées, je relève plusieurs facteurs de succès et des défis à lever. A titre d’illustrations, je me limiterai à quatre facteurs de succès : i) la stratégie de SANDAD en tant que priorité politique avec l’objectif Faim Zéro affirmé au plus haut niveau ; ii) la disponibilité d’un cadre stratégique fédérateur et d’une stratégie multi-sectorielle ; iii) l’existence d’une administration de mission, en l’occurrence le HC3N et l’existence d’instances de coordination et de concertation.

Désormais, nous nous attelons à lever deux défis: i) mobiliser les ressources nécessaires, en particulier sur les ressources propres du budget national pour financer notre politique de l’Initiative 3N, dans un contexte de sollicitations multiples et ii) maintenir la dynamique de coordination à tous les niveaux, central et déconcentré et unifier/harmoniser les outils de planification, suivi-évaluation, rapportage.

Cette volonté politique s’affirme encore une fois avec l’élaboration du plan d’action de la deuxième phase qui a coïncidé avec le deuxième Plan de Développement Economique et Social du Niger (PDES). L’Initiative s’intègre également dans le PDES 2017-2021 à travers l’axe n°3: « Amélioration de la croissance économique ».

L’ambition est donc plus grande, ce qui témoigne de la volonté du Président de la République à faire du Niger un havre de sécurité alimentaire où la sécheresse ne sera plus synonyme de faim et où l’adversité des aléas climatiques ne rime pas avec la fatalité, et où la faim est vaincue.

Oui, Monsieur le HC, quand vous parlez de la transformation du monde rural à quoi précisément les nigériens doivent s’attendre ?

Il convient de noter que le PDES 2017-2021 repose, sur deux piliers, le Développement du secteur privé et la transformation du monde rural qui inclut, non seulement les programmes de l’Initiative 3N, mais aussi les programmes liés à l’énergie, l’équipement rural, le développement des infrastructures et des services, le développement des services financiers, l’autonomisation des femmes, la NTIC et l’artisanat.

J’avoue que cette transformation est déjà en cours car il s’agit de la dynamisation et de la modernisation du monde rural. Cette transformation du monde rural  dont les orientations reposent essentiellement sur l’initiative 3N se fera  par l’utilisation de techniques culturales modernes, l’accès à l’eau, aux chaines de valeur des productions agro-sylvo-pastorales et halieutiques en ligne avec les orientations de la stratégie, à l’énergie, aux infrastructures et services économiques tels que les Technologie de l’information et de la communication TIC, aux crédits, à l’artisanat.

Un accent particulier sera mis sur l’autonomisation de la femme rurale avec un programme ciblé d’alphabétisation et l’entreprenariat des jeunes et des femmes. Avec un secteur agricole plus productif, le développement de Petites et Moyennes Entreprises agro-alimentaires et artisanales particulièrement pour les femmes et les jeunes et un développement des services et infrastructures de base (électrification rurale, Promotion de la finance inclusive, Accès à l’eau potable et l’assainissement de base .etc.) il est attendu l’émergence d’une économie dynamique capable d’offrir des emplois décents aux jeunes ruraux. L’augmentation des revenus agricoles et la diversification de l’économie rurale permettrait de réduire la vulnérabilité des ménages ruraux aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles.

Des réformes impulsées par le HC3N sont en cours d’opérationnalisation et  vont sans aucun doute faciliter la transformation du monde rural, il s’agit entre autres : du Fonds d’Investissement pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (FISAN), de  la Maison du Paysan MP, de la Stratégie Nationale d’Achats Locaux d’Aliments auprès des Petits Producteurs SNALAPP, l’approche Commune de Convergence et de la Politique Nationale de Sécurité Nutritionnelle etc…

Monsieur le Haut Commissaire, que dites-vous sur la question de la malnutrition au Niger ?

La sécurité nutritionnelle est une priorité nationale, parce que la malnutrition est un drame permanent, elle fait mal aux nigériens et au Niger. Le Niger connaît des taux de malnutrition encore élevés en dépit de baisses importantes enregistrées ces dernières années dans la malnutrition aiguë sévère et la malnutrition aiguë globale. La politique de sécurité nutritionnelle figure en première ligne des reformes impulsées au niveau du Haut-Commissariat. Un document de Politique Nationale de Sécurité Nutritionnelle et son Plan d’Action chiffré portant sur l’engagement et la contribution de chaque secteur (ministères) seront bientôt adoptés par le Gouvernement.

Par ailleurs, en novembre 2017, j’ai assisté personnellement, à Abidjan à la dernière assemblée globale des Pays « Scaling Up Nutrition, SUN » où avec l’équipe du Niger, comprenant aussi bien la partie gouvernementale que nos partenaires nationaux et internationaux, j’ai présenté les progrès réalisés par le Niger et son engagement politique dans la lutte contre la malnutrition sous toutes ses formes. Ce mouvement SUN et son leadership ont salué l’engagement politique du Niger à lutter contre la malnutrition et envisagent de le soutenir dans ses efforts de lutte contre la malnutrition. Le Gouvernement du Niger vient d’ailleurs d’envoyer une invitation à la Coordinatrice du Mouvement SUN qui est aussi Secrétaire Générale adjointe de l’ONU, Gerda VERBURG qui a exprimé sa volonté de soutien au Niger.

Nous venons aussi de valider les résultats de l’étude coût de la faim au Niger, une des recommandations de l’Union Africaine. Ces résultats qui en sont issus, nous confortent dans notre engagement à faire de la nutrition une question clé pour le développement du Niger. En effet, il ressortait que la malnutrition impacte lourdement la santé, l’éducation et la productivité de nos populations et coûte chère au Niger, environ 7% du PIB, bien que ce soit pire, 16%, dans certains pays.

                                                 Tamtam infos via l’Onep

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