Eleveurs et betail en detresse

Proclamation des mesures d’état d’urgence: Un coup dur pour les agriculteurs et éleveurs de la région de Diffa

L’instauration des mesures d’état d’urgence dans la région de Diffa a eu des conséquences graves sur les populations en générale et les agriculteurs et éleveurs en particulier. Ces mesures prises pour vouloir faire face à la situation que connait la région a eu des impacts négatifs sur la production, la pêche et l’élevage.

Prises pour endiguer la question sécuritaire au niveau de la région, les mesures semblent malheureusement davantage compliquer le sort des agriculteurs et éleveurs qui sont aujourd’hui réduits à attendre de l’assistance humanitaire pour se prendre en charge. Jadis, ce sont les populations de cette région qui ravitaillaient le Nigéria en poisson fumé et ce, depuis des années.

Pour rappel, la décision du gouvernement contraignant les populations vivantes dans les iles du lac Tchad a regagné la terre fermes suivant un ultimatum de 72h a eu comme conséquence, outre la mort de plusieurs personnes, l’arrêt de la production de plusieurs variétés de vivres (maïs, sorgho, mil, niébé etc) et l’interdiction de la pêchet sa commercialisation dont des milliers de personnes dépendent. Aussi, du fait de cette mesure d’état d’urgence, la production du poivron sur le long de la KomadougouYobé a également fait l’objet d’interdiction systématique avant de revenir par la suite sur la décision. Aujourd’hui encore, les formalités administratives qu’il faut remplir pour entreprendre la culture du poivron sont telles que, beaucoup de personnes ne peuvent pas pratiquer ce métier au stade actuel.

Au regard de ce qui précède, la question fondamentale qui se pose est de savoircomment concilier la nécessité de préserver la sécurité dans la région de Diffa avec les droits fondamentaux des populations à cultiver, pêcher et élever leurs troupeaux pour se prendre en charge elles-mêmes au lieu de continuer à attendre une assistance humanitaire.

Par exemple, dans le domaine de l’élevage, il est un truisme de rappeler que la région de Diffa dispose d’une variété très rare des vaches qu’on appelle la vache kouri dont son milieu naturel de survie est le lit du Lac Tchad pour sa bonne régénération. Aujourd’hui, cette variété des vaches rares risque de disparaitre complétement si des mesures urgentes ne sont pas prises d’ici peu à en croire plusieurs éleveurs et spécialistes de la région.

Proclamé pour la première fois, le 10 février 2015 pour faire face à la crise sécuritaire dans la région, l’état d’urgence est automatiquement reconduite chaque 3 mois par le gouvernement après validation de l’Assemblée Nationale. Face à cette reconduction systématique, des organisations des défenses des droits humains comme Alternative Espaces Citoyens interpelle le gouvernement afin de marquer un pas pour évaluer les impacts (positifs et négatifs) de cette mesure après 4 ans d’instauration.

                                                                                Marah  Mamadou

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *