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Diffa: La crise humanitaire s’accentue

La situation alimentaire et nutritionnelle dans la région de Diffa demeure préoccupante en ce mois de mai. Le contexte sécuritaire que connaît cette partie du pays aggrave la situation. En effet, d’importants marchés comme celui de Gueskérou et de Waragou restent fermés. Ce qui rend difficile voire impossible la disponibilité des denrées alimentaires qui proviennent généralement des localités nigérianes de Geidam, Maiduguri, Gashuwa et Damaturu

Dans cette région où la majorité de la population est pauvre, il est difficile aux ménages de disposer des stocks alimentaires. Malgré les efforts déployés par l’Etat et les humanitaires dans la distribution des kits alimentaires aux plus démunis, les besoins sont énormes.  Pire, en cette période de grande chaleur, l’eau devient rare dans certaines villes comme Diffa, N’Guigmi ou Bosso qui accueille de nombreux déplacés internes et réfugiés. Certains habitants sont même obligés de se ravitailler dans les eaux de la Komadougou avec tous les risques de maladies.

Depuis février, plusieurs ONG humanitaires ont suspendu leurs activités d’assistance. En plus, en ce mois de Ramadan, les prix des produits de première nécessité ont flambé sur les marchés.  Ce qui a aggravé la vulnérabilité des populations qui développent depuis, différentes stratégies de survie.             Sur certains sites surpeuplés comme celui de Kindjandi et Kabelewa, le manque de moyens de subsistance, l’absence d’activités génératrices de revenus, le déficit d’opportunités en matière d’activités agricoles et de pêche, l’insuffisance de la production pastorale ou le surpâturage, l’insuffisance en eau pour réaliser les cultures de contre saison et d’autres restrictions socioéconomiques liées à l’état d’urgence ont poussé de nombreux habitants à rejoindre les îles du Lac Tchad. Sur le plan pastoral, la région a connu à la fin de la saison pluvieuse un déficit fourrager provisoire de l’ordre de 2 052 744T /MS qui équivaut à 1207496 UBT soit 60 % des UBT global de la région.

Un total de 3901.5 tonnes d’aliment pour bétail ont été mis en place par l’Etat et ses partenaires. Le stock de l’Etat, la FAO et le PRAPS sont pour la vente à prix modéré (4000 f le sac de son de blé de 50kg et 5000f celui de tourteau). Par ailleurs, les autres partenaires (CICR, PAC/RC, PNUD, CARE, ACF, IRC, Karakara) ont approvisionné les banques d’aliment pour bétail existant dans la région.

 En matière d’eau de surface, en plus de la rivière Komadougou qui tient lieu de frontière entre le Niger et le Nigeria sur près de 150 km, et les eaux du Lac Tchad, on dénombre environ 17 mares permanentes et semi permanentes localisées dans le lit de la Komadougou et les cuvettes de Maïné- Soroa. Ces eaux de surface servent d’abreuver les animaux pendant plus de six(6) à sept(7) mois.

Il faut noter que la plupart des forages et des puits cimentés pastoraux sont vieux et n’arrivent pas à couvrir les besoins en eau des animaux. Quant aux puits traditionnels malgré leur nombre, ils ont un débit très faible et leur durée de vie est limitée.

La situation sanitaire est caractérisée quant à elle par l’apparition de quelques foyers de suspicion de pasteurellose des petits ruminants, de la clavelée, de la variole, de la piroplasmose de la fièvre aphteuse et de la pasteurellose de gros ruminants et 2 cas de rage cameline à N’gourti et N’guigmi

Certains éleveurs, en majorité les peulhs, sont contraints de retourner suite au déficit fourrager.

Actuellement, les animaux sont concentrés dans la bande ouest du département de N’guigmi, la bande nord de la vallée de la Dadaria, la zone de Chéri dans le département de MainéSoroa ; les zones de Bouti, Kouloumfardou et la bande Sud pour le département de Goudoumaria ; la vallée de la Dillia, la zone de Kabléwa ; la zone de Kindjandi et, toute la bande Nord du département de Diffa.  Il n’a pas été enregistré des départs d’éleveurs transhumants vers le Sud du fait de l’insécurité qui sévit dans la région.

    Diffa étant une   région naturellement en déficit structurel, l’accès à la terre est la seule véritable solution pour améliorer les conditions d’accès au droit à l’alimentation.

La soupape de sécurité qui consiste à compenser les déficits des cultures pluviales dans la culture irriguée ne plus fonctionnelle car les terrains aménagés à cet effet ne sont plus accessibles à la population.

 

                                                                 Marah Mamadou

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