Région d’Agadez: Situation alimentaire, nutritionnelle et pastorale alarmante

Avec une superficie de 667.799 km² soit 52,7% du territoire national, Agadez constitue l’une des plus vastes régions du pays. Sa position géographique fait qu’elle partage une longue frontière avec des pays en proie aux menaces terroristes (Lybie, Algérie) et les régions à risque de Tahoua (frontalière avec le Mali), de Zinder (frontalière avec le Nigéria), et de Diffa (frontalière avec le bassin du lac Tchad).

L’immensité de la région, la  vaste étendue du désert du Ténéré qui la traverse, l’arrêt d’exploitation des sites aurifères et miniers  rendent aussi la région sujette au banditisme résiduel armé et au trafic de tout genre. Cette situation ajoutée au relief accidenté de la région (monts, collines, bassins versants)  deTamghak (Iferouane), de Telwa, de Zilalat, de Boughoul, d’IsseghSegan, de Bagzan et d’Abardek, etc. qui fait que  d’importantes quantités d’eau  sont déversées  chaque année dans les vallées occasionnant des débordements qui détruisent tout sur leurs passages. Sur le plan hydraulique, l’accès à l’eau constitue une préoccupation permanente des populations de la région d’Agadez  à cause  de la présence des zones de socle sur une bonne partie de la région. L’irrégularité et la mauvaise répartition des pluies font qu’une sur trois années, la région fait face à un déficit fourrager qui bascule en situation de crise pastorale. Toutes ses caractéristiques font de la région, une zone à haut risque de vulnérabilité sur les plans sécuritaire, alimentaire, épidémiologique et épizootique.

Sur le plan alimentaire, La région a enregistré des déficits céréalier et fourrager importants respectivement de moins 129 560 a été dégagé pour une population projetée de 2017 de 563 332 personnes et moins 262 913 TMS pour une charge complémentaire de 154 654 UBT à rechercher. Dans son allocution de présentation des vœux du nouvel an aux humanitaires intervenant dans la région, le Gouverneur d’Agadez a affirmé que  l’insuffisance notoire du pâturage dans la région laisse présager dans les prochaines semaines à  l’’abandon dans les zones pastorales, des écoles par les enfants qui suivront leurs parents à la recherche des endroits plus sécurisants ;  la baisse de l’état d’embonpoint des animaux et leurs prix marchands, ce qui pourrait du coup impacter la situation nutritionnelle des communautés vivant dans les zones pastorales.

Cependant, dans les zones agricoles, la situation est moins alarmante à cause des prix rémunérateurs enregistrés sur l’oignon qui ont permis aux maraichers de s’approvisionner d’avantage en vivres.

Dans les zones désertiques enclavées comme le Kawar, on assiste à une  baisse de revenus des ménages ;une hausse des prix des denrées de première nécessité ; une mévente des productions de sel et des dattes ; un faible ravitaillement des communes ;et l’ ensablement qui menace les aires de maraichages, les oasis, les salines et les services sociaux de base.

 Le programme de l’initiative 3N, ‘’les Nigériens Nourrissent les Nigériens’’ du Président de la République dont l’objectif global est de : « contribuer à mettre durablement les populations nigériennes à l’abri de la faim et de la malnutrition et leur garantir les conditions d’une pleine participation à la production nationale et à l’amélioration de leurs revenus’’ est loin d’être une réalité dans la région d’Agadez.

Il a été identifié en termes de cible à l’issue de la rencontre technique du dispositif National de Prévention et de Gestion des Crises Alimentaires, tenue à Dosso en décembre 2017 que 60 037 personnes ont été identifiées dans 98 villages/Campements extrêmement vulnérables et qui auront besoins d’aide d’urgence ;

57 374 personnes ont été identifiées dans 67 villages/Campements moyennement vulnérables et qui auront besoins d’un accompagnement ;

61 199 personnes ont été identifiées dans 109 villages/Campements faiblement vulnérables et qui auront besoins d’actions de développement.

Malgré cette vulnérabilité extrême, Agadez reste gravement confrontée à l’épineux problème d’insuffisance des partenaires. Cette situation de la région est intimement liée à la situation sécuritaire a déclaré le gouverneur d’Agadez.  Aujourd’hui, la déscolarisation, les braquages, l’usage de stupéfiants, la détention illégale d’armes à feu, les vols à main armée entre autres ont fait leur apparition a renchérit le gouverneur d’Agadez.

La situation alimentaire, nutritionnelle et pastorale dans la région d’Agadez est alarmante et est intimement liée à la situation sécuritaire. Cette situation aggravée par les trafics de tout genre, le chômage des jeunes,  l’arrête des activités de l’économie migratoire, le peuplement incontrôlé de certains sites d’orpaillages, les conflits inter et intra-communautaires accentuent au quotidien la vulnérabilité de la paix et de la stabilité dans la région d’Agadez.

                                                                Nana Hekoye     

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